RGPD. Ou GDPR, en anglais. Si vous travaillez dans le digital et que vous gérez les données personnelles de citoyens résidant dans n’importe quel pays d’Europe, vous savez forcément ce que signifient ces quatre lettres. Enfin on peut l’espérer car elles correspondent à une loi européenne concernant le traitement des données personnelles, qui entre en application fin mai (pour ceux qui travaillent dans le digital mais débarqueraient de la Lune, RGPD signifie Règlement général pour la protection des données).
Le sujet obsède actuellement les services informatiques des sociétés qui collectent et gèrent les données personnelles de clients et prospects européens (au fait, si vous êtes une société basée aux USA ou au Liban, vous êtes concerné vous aussi, à partir du moment où vous avez des clients résidant en Europe. Just saying). Les guides et livres blancs pleuvent sur le net pour aider les entreprises à se mettre en conformité.
Le RGPD, c’est donc cette législation européenne qui doit apporter plus de protection et de sécurité au consommateur (et au citoyen en général), vis-à-vis de la collecte, du traitement et de la conservation de ses données personnelles. La loi doit entrer en application fin mai, mais cela fait plus d’un an qu’elle préoccupe les professionnels.
Cette actualité fait remonter une vieille angoisse: celle d’être “fliqué”. C’est un sujet de préoccupation citoyenne depuis des décennies. On en a fait des livres. On pense évidemment à Big Brother dans le roman d’anticipation "1984" de George Orwell paru en 1949. On pense aussi à n’importe quelle initiative de pose de caméras de surveillance dans un quartier donné.
Et ces derniers temps, on a de plus en plus l’impression que “Big Brother nous regarde”… surtout quand on repense aux récentes et mémorables brèches concernant des géants du web ou des sociétés de service. Sans oublier évidemment les processus de collecte et l’utilisation pas franchement éthiques de données personnelles qui, collectées par Cambridge Analytica sur Facebook, à l’insue des utilisateurs du réseau social, auraient pu influencer l’élection présidentielle américaine.
La "data" est ainsi une substance que tout le monde s’arrache, entreprises ou gouvernements, pour réaliser des objectifs mercantiles ou politiques ou les deux. Et pour cause: c’est la data qui permet à un établissement de cibler son marché, c’est à dire les personnes dont il sait qu’elles sont potentiellement intéressées par son offre. Il le sait, car il a vu quel contenu ces personnes ont consommé sur internet; quelles pages elles ont visitées, sur quels sites elles se sont connectées (merci les "Cookies").
Alors c’est vrai que cela donne au consommateur le sentiment très désagréable d’être observé. Mais en même temps, ça lui donne aussi la chance d’être contacté par des professionnels ou des commerçants qui ont vraiment quelque chose à lui proposer susceptible de l’intéresser, voire carrément de lui être utile.
Juste un exemple: une inscription à la newsletter de emarketing.fr entraine dans la foulée la réception d'un tas d’invitations à des événements extrêmement pertinents pour l'utilisateur. Quand on télécharge des livres blancs en lien avec les stratégies digitales, on reçoit des contenus et on tombe sur des posts sponsorisés sur Facebook qui (merci le "Retargetting"), correspondent parfaitement à ce dont on a besoin. Evidemment, on reçoit aussi parfois des contenus de mauvaise qualité. Rien n’est parfait en ce monde. Mais tout de même.
Bref, en tant que consommateurs, ne perdons pas de vue que la collecte de nos données, ça a aussi du bon. En tant que professionnels du e-marketing et de la e-communication, il va nous falloir faire respecter la protection du citoyen, tout en faisant respecter aussi notre besoin d’être informés sur les attentes de notre cible, pour continuer à lui apporter de la valeur.
Lors du dernier salon E-Marketing de Paris, Jean-Luc Chetrit, Directeur général de l’Union des annonceurs, a souligné : « On a besoin de l’Intelligence artificielle pour être plus pertinent dans le message publicitaire, et ainsi pour diminuer la pression publicitaire ». Comme celle qui pèse sur les consommateurs recevant de la publicité non pertinente, par exemple.
Alors chiche: avec le RGPD, faisons de la collecte et gestion de la donnée personnelle un acte vertueux… et profitable. Pour tous.